Les échantillons prélevés ont révélé que les eaux ne sont pas conformes aux normes, notamment quant à leur composition bactériologique, passant de 9,9% en 2019 à 10,1% en 2020. La médiocrité de la qualité de l’eau et la crainte de la contamination ont poussé les Tunisiens à recourir aux eaux conditionnées, au point que la consommation moyenne d’eau en bouteille par personne a atteint 227 litres par an.
« Alors que l’Etat peine à garantir le droit à une eau potable de qualité et en quantité suffisante, le secteur des eaux minérales connaît une prospérité remarquable, annonce le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes).
Dans un rapport intitulé « Une politique improvisée pour arrêter la surexploitation des eaux: des licences sont accordées aux entreprises de mise en bouteille d’eau et refusées aux agriculteurs », le forum précise que les ventes d’eau en bouteille ont connu un bond significatif, passant de 879 millions de litres en 2010 à 3.275 millions de litres en 2022.
Cela représente la vente de 676 millions de bouteilles par an, et place la Tunisie au 4e rang mondial en termes de consommation d’eau minérale, au 10e rang dans le monde arabe selon le site «World Pollution Review», cité par le rapport. Toutefois, la Tunisie occupe le 75e rang mondial dans l’indicateur de la qualité de l’eau. En même temps, 20% des citoyens sont menacés par la pollution de l’eau, d’après la même source.
Pour rappel, la première unité de production d’eau minérale en bouteille a été créée en 1963 à Nabeul. Aujourd’hui, le nombre de ces unités s’élève à 30, réparties sur 13 gouvernorats du pays dont 6 à Kairouan, 5 à Zaghouan, 4 à Siliana et 3 à Sidi Bouzid.
Le forum estime, à cet égard, que « parallèlement à la multiplication rapide des entreprises de mise en bouteille d’eau, les services publics ont connu une détérioration considérable, en particulier pour ce qui concerne la qualité de l’eau potable distribuée par la Sonede ».
En effet, des échantillons prélevés ont révélé que ces eaux ne sont pas conformes aux normes, notamment quant à leur composition bactériologique, passant de 9,9% en 2019 à 10,1% en 2020.
La médiocrité de la qualité de l’eau en Tunisie et la crainte de la contamination ont poussé les Tunisiens à recourir aux eaux conditionnées, au point que la consommation moyenne d’eau en bouteille par personne a atteint 227 litres par an.
Le Ftdes assure, en outre, que l’Etat prône l’économie de l’eau, mais collabore, en même temps, au gaspillage de ces ressources hydriques, en accordant des autorisations aux investisseurs. « Cette contradiction met en danger le droit de tous les citoyens à une eau de qualité, tel que le dispose la Constitution tunisienne ».
Le Forum estime, aussi, que « le désengagement de l’Etat, en particulier en ce qui concerne l’amélioration de la qualité de l’eau potable fournie par la Sonede, ainsi que l’octroi d’autorisations aux investisseurs du secteur des eaux conditionnées, ont exacerbé la crise de l’injustice hydrique en Tunisie » et porté préjudice au budget des ménages.